« M IDZOMER breekt uit » met les détenus en contact avec l'art

« M IDZOMER breekt uit » met les détenus en contact avec l'art

M-IDZOMER breekt uit

© Diederik Craps voor M Leuven

L'une des priorités de M est de mettre en contact avec l'art des groupes difficiles à atteindre, comme les enfants hospitalisés. Le musée contribue également à une initiative s'adressant aux détenus, « M‑IDZOMER breekt uit » ou « M‑IDZOMER s'évade ».

M-IDZOMER breekt uit

© Diederik Craps voor M Leuven

Grâce à l'art, on peut se soustraire brièvement à ses pensées

Charlotte Van Peer
Médiatrice culturelle à M

Chaque année, pendant quatre jours, le jardin intérieur de M accueille le festival de musique M‑IDZOMER. En amont, M et la salle de concerts Het Depot organisent, en collaboration avec l'ASBL De Rode Antraciet, le programme de musique et d'art « M‑IDZOMER breekt uit », qui s'adresse aux détenus de la prison auxiliaire de Louvain.

 

Dans le cadre de ce programme, la médiatrice culturelle Charlotte Van Peer dirige à la prison auxiliaire un atelier artistique, dont les résultats sont présentés au musée pendant le festival. M‑IDZOMER propose aussi chaque année une journée de concerts et d'activités en prison.

Hors des sentiers battus

Charlotte : « “M‑IDZOMER breekt uit” existe déjà depuis quelque temps. Une prison est un environnement dur qui peut avoir un effet abrutissant. La société doit faire en sorte que les détenus restent en phase avec le monde extérieur. Puisque M croit aux secondes chances, nous avons proposé d'organiser et d'encadrer des ateliers autour de l'art. C'est ainsi que “M‑IDZOMER breekt uit” a pris sa forme actuelle. Dans ces ateliers, nous faisons toujours le lien avec la collection du musée ou avec l'exposition temporaire qui y a lieu à ce moment-là. »

 

« La question qui s'impose est, bien évidemment : quelle portée peut avoir l'art dans un cadre où on ne l'attend pas ? Où on ne demande pas aux gens de révéler leurs passions ou leur créativité ? En prison on sollicite rarement l'avis des détenus, il faut rester dans le rang, et c'est justement ce que l'art ne fait pas. Pour moi, ce contraste est passionnant. »

M-IDZOMER breekt uit

© Diederik Craps voor M Leuven

« On réduit souvent les détenus à leur passé et à leur peine de prison. Mais si, lors d'un atelier, on leur demande à quoi ils rêvent encore ou quels sont leurs talents, il se crée une tout autre dynamique, les réponses qu'ils donnent sont beaucoup moins formatées. On obtient souvent des réactions très honnêtes et des créations sans aucun apprêt. »

 

« Chaque édition de “M‑IDZOMER breekt uit” démarre par une séance de réflexion entre les partenaires : M, Het Depot, le CAW (Centre de travail social généraliste) Brabant Est et De Rode Antraciet. Nous cherchons des approches originales pour les ateliers et réfléchissons déjà aux moyens de présenter les résultats. En 2023 nous avons travaillé sur la poésie visuelle, la visualisation des textes. Les détenus ont reçu un livre d'occasion qu'ils ont pu personnaliser à leur guise et auquel ils ont pu ajouter leurs propres poèmes et autres écrits. Il en est sorti de très belles créations que nous avons présentées à M pendant les quatre jours de M‑IDZOMER. »

M-IDZOMER breekt uit

© Diederik Craps voor M Leuven

Répit, reconnaissance et créativité

« Pendant M‑IDZOMER a aussi lieu une journée de festival en prison. Les artistes sont bookés par Het Depot, tandis que De Rode Antraciet assure l'organisation. Le préau du matin est l'occasion d'un set de DJ, le déjeuner est suivi de concerts et de l'occasion pour les détenus de montrer ce qu'ils ont appris dans d'autres ateliers – de capoeira ou de rap, par exemple – proposés par De Rode Antraciet. »

 

« Parfois, lors des ateliers de “M‑IDZOMER breekt uit”, nous butons sur des obstacles linguistiques, ce qui complique la communication. Mais dans ce cas nous cherchons d'autres moyens de faire participer les détenus. C'est ainsi que nous avons découvert qu'un Iranien illettré possédait un incroyable talent pour le dessin. Sans réellement comprendre ce qu'on lui demandait de faire, il a malgré tout pu s'exprimer pleinement : il a dessiné pendant deux heures. Pour échapper à la dure réalité carcérale, il suffit parfois de pouvoir faire autre chose pendant un moment. Et grâce à l'art, on peut se soustraire brièvement à ses pensées. »

 

« Je reste parfaitement pragmatique à propos de ce que nous pouvons obtenir par le biais de ces ateliers. Le but n'est pas d'enseigner des techniques de dessin aux détenus, ni de leur apporter des connaissances sur l'art ou les expositions à M. Nous espérons avant tout leur offrir quelques moments de répit, de reconnaissance et de créativité. L'art s'y prête particulièrement bien. Et nous donnons aussi aux détenus une occasion de parler d'autre chose pour changer, ou de réfléchir à ce qu'ils possèdent comme talents. C'est un instant de déconnexion pour entrer dans un autre univers. »

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M-IDZOMER, 2018, M Leuven & Het Depot, photo: © Diederik Craps

M-IDZOMER

01.08 - 04.08.24