Souffleur, qu'est-ce qu'une scène de justice ?

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475, Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, photo : Johan Geleyns

SOUFFLEUR

Scène de justice

Comme tous les domaines, l'art possède un vocabulaire particulier. Dans la rubrique « Souffleur », des collaborateurs de M expliquent et commentent des expressions spécialisées que vous avez peut-être déjà entendues, mais dont vous ne connaissez pas – ou plus – le sens exact.

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475, Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, photo : Johan Geleyns

Wies De Vos, médiation du public pour les expositions : « Une scène de justice est une œuvre – le plus souvent une peinture – sur la thématique de la procédure judiciaire. On pourrait même parler d'un genre distinct ; il était surtout apprécié aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Ces scènes étaient destinées aux lieux où on rendait justice, souvent des hôtels de ville, car les tribunaux tels que nous les connaissons actuellement n'existaient pas encore. Les œuvres représentent des récits bibliques ou des légendes anciennes faisant référence à la justice. Si le Jugement dernier est un thème populaire, de nombreuses scènes de justice évoquent des histoires bien précises qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans l'histoire de l'art. »


« L'un des premiers exemples du genre était une œuvre réalisée en 1436 par Rogier van der Weyden pour l'hôtel de ville de Bruxelles. Le tableau, où l'on voyait l'empereur romain Trajan et le juge bruxellois Herkenbald, a malheureusement été détruit en 1695 lors du pilonnage de la ville par les troupes françaises. Nous savons toutefois que les contemporains de Van der Weyden vouaient une grande admiration à l'œuvre. Les pouvoirs municipaux de Louvain, la grande rivale de Bruxelles, ne voulant pas être en reste, ont commandé à Dieric Bouts quatre gigantesques scènes de justice pour leur propre hôtel de ville. Le thème choisi était la justice de l'empereur Otton III. Celui-ci aurait condamné sa propre épouse au bûcher après son faux témoignage à l'encontre d'un comte innocent, qui avait ensuite été mis à mort. Les quatre tableaux devaient encourager les magistrats louvanistes à juger tout le monde sur un pied d'égalité, à l'exemple de l'empereur Otton. »

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475

Dieric Bouts, « La justice de l'empereur Otton III : Le  supplice du comte innocent & L'épreuve du feu », v. 1473-1475, Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, photo : Johan Geleyns

« Mais Bouts est mort alors qu'il n'avait achevé que deux des quatre œuvres. Les originaux se trouvent actuellement aux Musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles, tandis que l'hôtel de ville de Louvain abrite deux copies grandeur nature du XIXe siècle, commandées en 1888 à l'artiste Franz Meert (1836-1896). La collection louvaniste ne comprend pas d'autres scènes de justice peintes, mais tant à l'hôtel de ville qu'à M on peut voir des scènes sculptées sur les thématiques de la justice et des procès. »

Willem Ards, « Le rêve du roi Nabuchodonosor », v. 1448-1449, M Leuven

Willem Ards, « Le rêve du roi Nabuchodonosor », v. 1448-1449, M Leuven