Les secrets de M : La confrérie du Saint Sacrement du Miracle
Torchères
« La confrérie du Saint Sacrement était une espèce d'association pieuse dont les membres étaient chargés de conserver et de garder la relique et d'arranger sa vénération en faisant fabriquer des cierges et des drapelets de pèlerinage, et en organisant des processions et des offices. Il fallait verser une cotisation pour pouvoir en faire partie. Les dirigeants de la confrérie, les “maîtres”, étaient élus parmi les notables de Louvain et nommés par le prieur du couvent des augustins. »
« En 1639 la confrérie a passé commande de trois tableaux illustrant des épisodes de l'histoire de la relique : le miracle survenu à Middelburg, le transfert solennel de la relique à Louvain et sa vénération au couvent des augustins de la ville. Cette dernière toile est également un portrait de groupe des maîtres de la confrérie, les six hommes vêtus de noir qui portent des torchères. Son auteur est probablement le peintre louvaniste Wolfgang de Smet. »
Pas net
« En 1795 nos régions ont été incorporées à la France et le régime révolutionnaire a chassé les ordres monastiques. La vénération du Saint Sacrement du Miracle a été transférée à l'église Saint-Jacques dans la Brusselsestraat, où ont également atterri les tableaux de la confrérie. »
« Revenons à notre époque. L'église Saint-Jacques a été fermée en 1964 à cause de problèmes de stabilité. Elle est restée vide pendant des années et au tournant du siècle, le tableau La Confrérie y a été volé. Il a refait surface en 2003 chez un restaurateur d'art, qui a rapidement flairé l'affaire pas nette. Des recherches ont révélé qu'il s'agissait d'une toile volée ; elle a été remise à notre musée. Elle était roulée, car le châssis en bois avait été enlevé avant la restauration. Nous avons pu faire achever la restauration en vue de l'exposition 'En mouvement' ; ici, au musée, la toile a été tendue sur un nouveau châssis, en aluminium cette fois-ci. »
Trou profond
« Ce tableau est relativement grand, il mesure 2,5 mètres sur 3,5 mètres. Comme les grands formats ne passent pas partout, il en a été tenu compte lors de la construction du musée en 2009. Nous disposons maintenant d'un dépôt de grande hauteur, s'étendant sur deux étages, où nous conservons toutes les pièces qui sont trop grandes pour les réserves ordinaires. Mais il faut aussi que ces œuvres puissent sortir du dépôt et y rentrer, alors que l'ascenseur n'a pas la hauteur de deux étages. »
« Pour résoudre ce problème, une trappe a été aménagée dans le plafond du dépôt de grande hauteur, d'où il est possible de hisser les pièces jusqu'au rez-de-chaussée à l'aide d'un système de portage à poulie. C'est une opération à haut risque, car le trou sous la trappe est profond de près de dix mètres. Il faut que tout le monde se sécurise avec des cordes d'escalade avant que l'on n'ouvre la trappe. »
« Depuis le rez-de-chaussée, nous pouvons transporter l'œuvre dans la salle où elle doit être exposée. Parfois elle entre tout juste dans l'ascenseur, sinon il faut passer par l'escalier. Et les tableaux vraiment immenses doivent être transportés en camion vers une autre entrée du musée. »
Reliquaire
« Le tableau 'La Confrérie' est à présent mis en valeur au musée, à proximité du reliquaire d'argent du Saint Sacrement du Miracle, datant du XIXe siècle. L'original de style gothique s'est perdu sous l'occupation française, mais on peut le voir sur le tableau. La comparaison des deux pièces nous apprend que l'orfèvre du XIXe a réalisé une copie très fidèle. La mise en place du tableau a demandé de grands efforts, mais le résultat en vaut la peine. »
'En mouvement', encore jusqu'au 31.03.2024 au M.