Cera, partenaire structurel de M

Cera, partenaire structurel de M

Directeur van Cera Stephan Olaerts

Stephan Olaerts, foto: © Rebecca Fertinel voor M Leuven

M et Cera s'unissent depuis des années pour rendre l'art largement accessible et pour offrir une chance à de jeunes artistes prometteurs. Mais comment cette collaboration exceptionnelle s'est-elle développée ? Et pourquoi une entreprise coopérative et un musée décident-ils d'unir leurs forces ? Stephan Olaerts, directeur chez Cera, nous en dit plus.

Directeur van Cera Stephan Olaerts

Stephan Olaerts, foto: © Rebecca Fertinel voor M Leuven

« Les origines de  Cera remontent à Friedrich Wilhelm Raiffeisen, bourgmestre d'un village allemand au milieu du XIXe siècle. À l'époque, la majeure partie de la population travaillait dans l'agriculture. Vous n'avez qu'observez votre propre famille : en remontant suffisamment de générations, vous aboutirez à un ancêtre paysan. »

 

« La plupart des agriculteurs vivaient dans la pauvreté. Raiffeisen tentait de les aider par le biais d'actions caritatives, mais se rendait compte que fondamentalement, rien ne changeait dans leur situation. Il a alors compris que le véritable problème était le manque d'accès des paysans aux marchés financiers. Même s'ils avaient des idées pour rendre leur exploitation plus rentable, il leur était impossible d'obtenir des crédits servant à mettre ces projets à exécution. À l'époque, les banques ne disposaient pas d'agences ; pour souscrire un emprunt, il fallait passer par un notaire. Ce n'était pas un obstacle pour la bourgeoisie fortunée et l'aristocratie, mais les paysans n'en avaient pas les moyens. Il leur fallait des leviers pour se sortir de la misère. »

 

L'union fait la force

« La solution de Raiffeisen a consisté à rassembler les paysans dans une structure coopérative et de fonder ensemble une institution bancaire dont tous les agriculteurs pouvaient être actionnaires. Ainsi pouvait être réuni le peu d'argent disponible dans la communauté et les actionnaires pouvaient s'accorder mutuellement des crédits. Grâce à cet ingénieux système, de nombreux paysans ont effectivement pu échapper à la pauvreté. »

 

« En Flandre, le curé Mellaerts a repris cette idée à son compte en 1892, d'abord à Rillaar en Brabant flamand. Peu après des succursales de la “Raiffeisenkas” sont apparues un peu partout. Au début du XXe siècle, il y en avait déjà 1000, ce qui a aussi nécessité la mise en place d'un organe de coordination, une banque centrale chapeautant les différentes initiatives. Cette institution a ensuite évolué vers la banque coopérative Cera, qui s'adressait aussi au public en général. »

 

400 000 actionnaires Cera

« En 1998 – il y a exactement 25 ans – Cera a fusionné avec Kredietbank et ABB Assurances. Juste avant cette fusion, Cera était la quatrième banque du pays par sa taille. Nous avons intégré nos activités dans le groupe KBC nouvellement constitué, devenant ainsi l'un de ses actionnaires de base ; avec notre filiale KBC Ancora, nous détenons environ 23% des actions. Ainsi nous continuons à concrétiser notre promesse principale à nos actionnaires, l'accès aux services financiers par le biais de l'ancrage de KBC. »

 

« Il y avait encore deux autres grands objectifs pour lesquels les actionnaires peuvent compter sur nous, tous deux dans l'esprit de Raiffeisen dont la devise était “Nous faisons ensemble ce que nous sommes trop petits pour faire seuls”. Le premier concerne les avantages dont bénéficient les actionnaires. Notre grande coopérative, qui compte quelque 400 000 membres, est en mesure d'obtenir des réductions sur toutes sortes de produits, services et événements. Il peut s'agir, par exemple, de billets pour des festivals ou d'autres manifestations à vivre en famille ou entre amis. »

 

Éliminer les obstacles

« L'autre objectif concerne une fois de plus les liens entre les individus. Nous investissons dans une société où il fait bon vivre et habiter. Certaines personnes rencontrent des obstacles en raison de problèmes de santé, de circonstances de vie précaires ou d'un autre type de vulnérabilité. Nous prenons des initiatives pour éliminer ces obstacles et faire en sorte que tout le monde puisse participer à la vie en société. »

 

« Une autre préoccupation très importante pour nous est la consolidation des communautés locales. Il s'agit donc de veiller à ce que les gens fassent partie d'un réseau dans leur environnement immédiat, ce qui ne va plus de soi, pas en ville, mais aussi de moins en moins dans les villages. Les commerces, les agences bancaires, les cafés, les médecins généralistes… Tout cela est en passe de disparaître, ce qui ne porte pas seulement atteinte à la disponibilité des services, mais aussi au tissu social. Il y a de moins en moins d'endroits où les gens peuvent se rencontrer. Nous tentons d'y remédier et de transformer à nouveau les rues en véritables quartiers, par exemple en lançant des projets pour lesquels les individus peuvent s'engager ensemble, en contact avec leurs voisins, leurs amis, des établissements de soins proches… »

M est dela partie

« Au cours de ces 25 dernières années, Cera a aussi œuvré sans relâche à la constitution d'une collection d'art. Entretemps elle compte près de 600 œuvres de 110 artistes qui ont tous un lien avec la Belgique. C'est une autre facette de la solidarité que nous recherchons : l'art inspire, incite à la conversation, réunit les gens… »

 

« Nous partons toujours du principe que nous gérons la coopérative pour la génération suivante. Pour garantir la meilleure gestion possible de notre collection d'art, il nous fallait un partenaire professionnel. Nous l'avons trouvé tout naturellement, ici à Louvain, chez M. »

 

« Pour commencer, le musée a effectué la documentation et l'archivage minutieux de toutes les œuvres. Il assure aussi leur entretien et leur conservation, et de plus – c'est très important – il aide à faire vivre notre collection. M expose les pièces et les fait voyager. L'année dernière, nous avons prêté une quarantaine d'œuvres, tant en Belgique qu'ailleurs. Les conservateurs de M nous épaulent aussi pour nos achats en nous fournissant des dossiers dûment motivés à propos d'acquisitions possibles. Nous voulons surtout soutenir les talents émergents ; ce ne sont pas nécessairement des Belges, mais il faut qu'ils travaillent en Belgique. »

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Zonder titel
'Sans titre', René Heyvaert, 1980-1981, Collection Cera chez M Leuven © courtesy Anne Heyvaert, photo: Lot Doms
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Caution
'Caution', Walter Swennen, 2001, Collection Cera chez M Leuven
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Morningside Avenue, Harlem 2001
'Morningside Avenue, Harlem 2001', Charif Benhelima, 2001, Collection Cera chez M Leuven
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Year X
'Year X', Orla Barry, 1991-2020, Collection Cera chez M Leuven © l'artiste, photo: Miles Fischler pour M Leuven
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Konijn & Canard
'Lapin & Canard', Walter Swennen, 2001, Collection Cera chez M Leuven
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Position
'Position', Koenraad Dedobbeleer, 1999, Collection Cera chez M Leuven

Soutenir l'art

« Nous collaborons aussi avec M en dehors de la gestion de notre collection. Ainsi nous soutenons ses présentations de collection, y compris un projet participatif proposé tous les deux ans. Un groupe de visiteurs, encadré par les collaborateurs de M, sélectionne des pièces de la collection du musée. L'une de ces initiatives a d'ailleurs débouché sur un programme d'éducation artistique pour l'enseignement secondaire. »

 

« Pendant la crise du Covid, M a pris l'initiative de soutenir de jeunes artistes. Le monde s'est arrêté de tourner quelque temps pour tous, mais les jeunes artistes ont été particulièrement touchés, car ils ne pouvaient plus présenter ni vendre leurs œuvres. M a alors sollicité un soutien financier de notre part et de la Ville de Louvain, et a aussi lancé une action de crowdfunding. Au total, 100 000 euros ont été réunis pour l'acquisition d'œuvres d'art. C'est un très beau résultat. Toutes ces œuvres ont été exposées sous le titre de “The Constant Glitch”. Le monde de l'art en était très reconnaissant. Là aussi, la solidarité a été le mot d'ordre. »

La grive et le gui

« Notre partenariat avec M nous apporte beaucoup. Il y a bien entendu la gestion de notre collection, mais M nous aide aussi à attirer l'attention sur nous et sur nos objectifs. Nous pouvons expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous voulons réaliser – par exemple dans cette entrevue… Je pense pouvoir dire que nous nous inspirons mutuellement. Chez Cera, nous croyons très fort aux écosystèmes composés d'éléments qui sont autonomes, mais se consolident entre eux. Une grive mange les baies du gui et contribue ainsi à sa propagation. Nous avons découvert un tel écosystème avec M. »

Souhaitez-vous savoir comment devenir actionnaire de la coopérative Cera ?