En visite chez un M-cène La collection de Fred et Simone
En visite chez un M-cène
La collection de Fred et Simone
Fred Van Leuven (72 ans) et Simone Walravens (70 ans) ont réuni au fil des années une belle et vaste collection. Si elle comprend surtout des œuvres d'artistes belges, cela n'a jamais été l'intention. « Nous achetons simplement ce que nous aimons. C'est tout à fait spontané et naturel. »
Fred : « J'aurais du mal à dire d'où je tiens précisément mon intérêt pour l'art. Enfant, j'aimais dessiner et bricoler, ça a toujours été là. Mon père travaillait à l'ONEM, j'étais l'aîné de quatre enfants. Nous n'étions pas riches, donc nous fabriquions nous-mêmes nos jouets, en bricolant avec tout ce qui nous tombait sous la main. Il s'agissait de voir ce qui marchait ou non. Je peux vous dire que pour les arcs, le bois de prunellier, ça marche ! »
Recherches sur Alzheimer
« En tant que professeur à la KU Leuven, au Centre de Génétique humaine, j'effectuais surtout des recherches sur la maladie d'Alzheimer. J'ai aussi contribué à fonder trois spin-off, reMYND ici à Louvain, ACImmune à Lausanne et ALSaTech à Boston. Je suis parti en éméritat en 2013, et ça me plaît plus que je ne croyais. Les spin-off me sollicitent encore de temps en temps pour des informations ou des conseils et je fais toujours partie de comités de lecture pour des rapports et des projets. Mais pour le reste, je décide assez librement de mon emploi du temps. »
Ce qui est beau
« Nous ne sommes pas des collectionneurs d'art pur-sang. Nous aimons “ce qui est beau”, c'est tout : les bonsaïs, les voitures, les armes, les livres et surtout l'art graphique. Dans le cadre de mes recherches universitaires, je “pouvais” beaucoup voyager pour des conférences, workshops, soutenances de thèses, projets de l'UE, groupes d'experts, conseils consultatifs… Simone m'accompagnait parfois et alors nous aimions visiter des musées, expositions, ateliers d'artistes ou marchands d'art. C'étaient de vraies excursions pour nous. À part cela, je ne prenais quasiment jamais de vacances. »
« Ce n'est qu'au début des années 1990 que nous avons vraiment commencé à acheter de l'art ; nos garçons avaient terminé leurs études et notre marge de manœuvre financière était plus grande. Nos deux premiers achats étaient des lithographies de Delvaux. J'aime beaucoup son travail, ses compositions stylisées associant les trains, les personnages féminins et la mélancolie. Son musée à Saint-Idesbald mérite une visite. »
« Nous avons acheté ces deux lithographies lors d'une vente publique à Bruxelles. Nous assistons régulièrement à des ventes – davantage pour voir de l'art que pour acheter, même si le jeu des enchères me plaît : étudier la concurrence, voir jusqu'où ils veulent monter… C'est ainsi que nous avons progressivement réuni ces œuvres, sans jamais avoir l'ambition de constituer une collection. Il n'y a d'ailleurs toujours pas de stratégie, nous achetons simplement ce que nous aimons. C'est tout à fait spontané et naturel. »
Sans les piles
« Nous avons à présent plusieurs œuvres de Delvaux. Récemment s'y est encore ajouté un petit dessin exceptionnel, Le professeur de philosophie de 1975, l'une de nos pièces préférées. Nous avons aussi des œuvres de Felix De Boeck, Panamarenko, Mondriaan, De Volder, Leonor Fini, Matisse, James Ensor, Fernand Khnopff et Félicien Rops. L'acquisition la plus récente est Scènes de la vie du Christ, un ouvrage composé de 32 lithographies en couleurs de James Ensor – publié il y a exactement cent ans, donc tout juste devenu une antiquité. »
« Simone et moi, nous avons un faible pour Bruges, où nous avons possédé une petite maison pendant vingt ans. Voilà pourquoi nous avons aussi accroché au mur, ici, une vue de la place du Bourg par Paul Delvaux. »
« Un jour, pendant une promenade en ville, nous sommes tombés sur Luc Putman, qui dessinait assis à son chevalet – les deux dernières années de sa vie il a réalisé des vues de Bruges très détaillées. L'un de ces 35 dessins est ici, chez nous ; il représente le beffroi se reflétant dans le canal à la Rozenhoedkaai, délicatement tracé à l'encre terre de Sienne. »
« Nous avons récemment déménagé dans un appartement, et soudain nous n'avions plus assez de murs vides. Nous avons donc aussi commencé à acheter des pièces “tridimensionnelles”. De Rik Poot, nous avons Torse d'homme & torse de femme, une œuvre de 1955. Ses Quatre cavaliers de l'apocalypse étaient un but de promenade fréquent à Bruges. À Louvain, ce sont L'enlèvement d'Europe devant le Provinciehuis et Cheval tombant dans le jardin de la faculté de Lettres. »
« Panamarenko nous fascine parce qu'il se situe au croisement de l'art et de la technique – à une époque, j'ai enseigné les techniques d'ingénierie biomédicale. Nous avons une œuvre électromécanique de lui, Meganeudon de 1973. Elle fonctionne toujours parfaitement, mais nous enlevons les piles pour que nos visiteurs – surtout notre petite-fille, en fait – n'aient pas envie de jouer avec cette pièce. »
Trois euros par jour
« Après mon départ à l'éméritat, nous disposions de plus de temps pour visiter le M et nous sommes devenus M-bassadeurs et M-cènes. Ce n'est pas un investissement gigantesque : sur une année entière, ça revient à environ trois euros par jour. »
« J'ai vu beaucoup de musées et il n'y en a pas deux qui soient identiques. Mais le M est spécial : on ne voit presque nulle part l'association d'art contemporain et d'art ancien, ni cette variété de styles. L'offre est très large. Il nous arrive de visiter trois ou quatre fois la même exposition parce qu'elle nous ravit. D'autres activités ou artistes nous plaisent moins, mais c'est normal. »
« Nous prenons part de temps en temps aux activités proposées aux M-cènes, par exemple aux visites d'ateliers. C'est intéressant, mais ce n'est pas la raison principale de notre décision de devenir M-cènes. Pour nous il s'agit surtout de pouvoir soutenir le musée et d'avoir l'impression de faire partie d'un club qui en vaut la peine – même si on ne voit pas les autres membres tous les jours. »
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Alors devenez l'un de nos M-cènes. La contribution annuelle est de 1000 €, dont 500 € destinés à M-LIFE et fiscalement déductibles. Ces contributions nous permettent de réaliser des projets en faveur de l'art. Vous recevrez des invitations à des visites en exclusivité à des ateliers d'artistes et chez des collectionneurs, et vous ferez la connaissance d'autres amateurs d'art qui partagent les mêmes valeurs.