Nel Aerts à l’Hôpital universitaire pour enfants
Nel Aerts à l’Hôpital universitaire pour enfants
Depuis peu l’UZ Leuven abrite un nouvel hôpital pédiatrique. On y a installé un Espace des Muses, c’est-à-dire un lieu de détente et de repos, mais aussi un foyer de créativité. Les enfants peuvent y participer à des ateliers et s’essayer eux-mêmes à l’art. Bientôt, ils pourront le faire durant quatre jours sous la direction de l’artiste Nel Aerts.
Ce sont des enfants fragiles, mais c’est leur force que je veux mettre en évidence
Créer de l’art avec des enfants malades: comment s’y prendre?
Nel Aerts: « Pour moi aussi, c’est la première fois, cela m’intéresse beaucoup. J’espère que tous les enfants participeront, en fonction bien sûr de leurs aptitudes. Certains pourront être là durant quatre jours entiers, d’autres quelques heures seulement. En ce qui me concerne, j’y serai tous les jours de la semaine. »
« Le service compte 120 lits. Tous les patients reçoivent une invitation à participer aux ateliers une semaine à l’avance. L’idée est d’organiser une espèce d’atelier textile. On ne peut pas faire entrer n’importe quel matériau dans un hôpital pédiatrique, mais le textile est autorisé. En plus, il offre énormément de possibilités : tout le monde sait ce que c’est, il est familier à tous. D’ailleurs, je l’utilise beaucoup dans mes propres travaux. »
« C’est sciemment que je ne pars pas d’une des mes oeuvres, mais d’une idée de base et d’un matériau que je maîtrise bien. Je n’imposerai pas non plus de tâches aux enfants, ils feront ce qu’ils voudront. Tout ce que je fais, c’est choisir les tissus - cela permet de reconnaître les choses par la suite. Chaque enfant reçoit un bout de tissu, une espèce de couverture sur quoi il peut construire au moyen d’autres tissus des formes et des images. Des couturières seront présentes, et ce sont elles qui coudront les formes sur les couvertures, exactement comme les enfants le voudront. »
« On pourrait peut-être aussi apposer le nom de chaque enfant avec des rubans ou de la laine sur leur couverture. Les enfants qui n’ont pas assez d’énergie pour prendre part à l’atelier toute la journée pourront alors quand même ramener leur petite couverture à eux dans leur chambre d’hôpital. »
« Le dernier jour sera le moment où les oeuvres seront montrées aux membres de la famille et aux amis. C’est alors que nous exposerons toutes les couvertures. Ce ne seront plus alors des couvertures qui réchauffent et qui protègent, mais des oeuvres murales textiles, ou peut-être même des drapeaux personnels. »
C’est la première fois que M et l’Hôpital universitaire entreprennent quelque chose de semblable. Qu’espérez-vous que les enfants en retiendront?
«J’aimerais qu’ils ne pensent plus au seul fait d’avoir été malades lors qu’ils se souviendront du temps qu’ils ont passé à l’hôpital. L’artiste Jeff Koons a un jour parlé de l’idée du sense of self, le sens d’être soi, un sentiment de dignité et d’amour-propre qu’il avait été, très jeune encore, chercher dans l’art: « Depuis mon enfance, j’ai pu grâce à l’art élaborer une perception de ma propre valeur. Pour moi, cela n’a pas été qu’une façon de construire ma propre identité, mais également d’entrer en relation avec le monde extérieur, avec une communauté extérieure à moi-même. »
Ces enfants sont très fragiles, et la confrontation ne sera certainement pas facile - mais c’est leur force que je veux mettre en évidence. L’art ne les guérira bien sûr pas, mais, dans le meilleur des cas, il peut être un outil qui peut les aider à faire face à leur situation. Si je suis capable d’y contribuer -ne fût-ce qu’un peu- je serai très contente. »
Le projet « Muse et Art pour l’hôpital des enfants » est une initiative du Fondation Art pour l’Hôpital des enfants KUL, en collaboration avec M.
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