Le « kunstlab » de M

Le « kunstlab » de M

Campagnebeeld 'Het kunstlab van M'

Image: image editée de ‘List’, Cesare Mussini, Collection M Leuven, source: artinflanders.be & image editée de ‘Dinosaur #07’, Michael Van den Abeele, 2014, Cera-collection chez M Leuven, photo: Isabelle Arthuis, l'artiste

Cela n'aura échappé à personne : l'intelligence artificielle (IA) connaît actuellement un essor rapide. Est-ce qu'elle peut aussi contribuer à éveiller l'intérêt des jeunes pour l'art ? « Het kunstlab van M », un tout nouveau projet participatif accompagné d'un outil Web, l'examine.

Campagnebeeld 'Het kunstlab van M'

Image: image editée de ‘List’, Cesare Mussini, Collection M Leuven, source: artinflanders.be & image editée de ‘Dinosaur #07’, Michael Van den Abeele, 2014, Cera-collection chez M Leuven, photo: Isabelle Arthuis, l'artiste

Au sein de M, le projet de « laboratoire artistique » est dirigé par un groupe de travail dont font partie Marlies Verreydt et Sofie Vermeiren. Ce groupe se fait épauler par Charlotte Vandooren, spécialiste éducative du projet de science citoyenne « amai! ».

 

Marlies : « Associer les visiteurs à nos activités est très important pour M. Pour donner une forme concrète à cette participation du public, nous organisons un nouveau projet tous les deux ans. Le précédent était “Les Dix”, pour lequel dix visiteurs ont choisi leurs dix œuvres préférées dans notre collection. Le résultat reste visible à M jusque fin avril 2024. »

 

« En raison du Covid, nous avions dû organiser “Les Dix” en grande partie en ligne. Mais même si c'était une solution de secours, cela nous a fait comprendre que l'univers numérique offre de nombreuses nouvelles possibilités passionnantes. »

 

 Sofie : « Nous avons appliqué cette même idée à “Het kunstlab van M”, mais en nous adressant cette fois-ci aux élèves du secondaire. Nous espérons ainsi toucher un public plus large que pour “Les Dix”. Avec “Het kunstlab van M” nous visons les élèves de Louvain, du reste de la Flandre et même des Pays-Bas. »

 

« Comme nous n'étions pas bien au courant des dernières évolutions numériques dans l'enseignement, nous avons demandé conseil à imec, qui nous a aiguillés vers Charlotte. »

Avant le buzz

Charlotte : « Nous étions enthousiastes dès que M et Kpot – l'entreprise qui a mis au point l'outil Web – ont pris contact avec nous afin d'évaluer leurs idées pour “Het kunstlab van M”. »

 

« Je suis spécialiste en pédagogie, ancienne enseignante. À présent je travaille pour Scivil, qui fait partie de la RVO Society ; cette organisation doit son nom à Roger Van Overstraeten, feu le fondateur d'imec. Il voulait que son entreprise ait également un impact sociétal. En collaboration avec plusieurs partenaires, Scivil a lancé l'initiative “amai!”, qui veut associer la population au développement d'applications IA. »

 

Marlies : « En début d'année, l'intelligence artificielle a soudain fait un énorme buzz dans les médias, mais nous l'avions devancé ! » (rires)

 

Sofie : « Nous craignions d'abord que l'IA serait un sujet trop difficile ou trop ésotérique pour les élèves, mais Charlotte nous a rassurés. À partir de ses conseils et avis, nous avons mis au point un outil avec lequel les enseignants et élèves peuvent se mettre au travail d'une manière accessible et spontanée. »

 

Charlotte : « Face à l'IA, on a le choix entre deux solutions dans l'enseignement : soit on tente à tout prix de la tenir au loin, soit on accepte son existence et on aide les élèves à l'aborder intelligemment. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau, on a vu une évolution comparable face à l'essor de l'internet, et auparavant lors de l'apparition de la calculatrice. Il faut se rendre à l'évidence, l'IA ne disparaîtra plus. Même si de plus en plus d'écoles le comprennent, elles ne savent pas vraiment ce que cela veut dire et comment il faut l'aborder. Les enseignants s'aperçoivent aussi qu'ils n'ont pas la même familiarité avec l'IA que leurs élèves. La nécessité d'informations et d'un soutien avisé est donc grande, “Het kunstlab van M” tente d'y répondre en partie. »

Het kunstlab van M

© M Leuven

Le christ au dragon cracheur de feu

Marlies : « M attache une grande importance à l'éducation à l'image, la capacité d'interpréter son langage. C'est une aptitude de base dans notre culture visuelle. Nous voulons donc travailler sur la génération d'images, c'est-à-dire l'emploi d'outils permettant de produire de nouvelles images par le biais de l'IA. Dans “Het kunstlab van M”, nous associons ces outils à l'expérience et la création artistiques. »

 

« Voici comment cela fonctionne : dans l'outil Web Hetkunstlabvanm.be, les élèves découvrent 30 représentations d'œuvres de la collection de M, chacune accompagnée d'une brève notice explicative, d'un extrait sonore et de tâches d'observation. Nous avons veillé à proposer une grande diversité, tant dans les époques que les matières, les médias et les sujets. Plusieurs de ces œuvres sont liées à des thèmes d'actualité dans l'enseignement comme l'identité ou l'héritage colonial, ce qui les rend utiles pour les cours d'histoire ou d'études culturelles. »

 

Sofie : « Parmi ces 30 œuvres, les élèves en choisissent une qui leur plaît, en concertation avec l'enseignant ou non. Ensuite ils suivent un bref tutoriel sur le site, un petit film humoristique donnant des explications sur l'IA et son fonctionnement. Ils apprennent aussi comment rédiger un “prompt”, un court texte décrivant l'image choisie. Ils introduisent ce prompt dans un outil IA – ils ont le choix entre différents outils, chacun doté de fonctionnalités différentes. À partir de ce prompt, l'outil génère trois ou quatre images. Les résultats sont plutôt bluffants, dans certains cas la ressemblance avec l'image d'origine est frappante. Les jeunes peuvent encore modifier le résultat, puis ils choisissent l'image la plus réussie et la partagent avec les autres utilisateurs. À terme se constitue ainsi une expo permanente d'images générées par voie numérique. »

 

Marlies : « Hetkunstlabvanm.be permet en premier lieu aux élèves de faire connaissance avec l'IA et d'apprendre à rédiger un  prompt. Mais ils peuvent aussi jouer avec les images, par exemple en écrivant un prompt pour “La Cène” de Bouts spécifiant le remplacement de l'un des apôtres par – disons – un dragon qui crache le feu. (rires) Ils disposent d'une grande liberté créatrice, même si le système est doté d'un filtre pour éviter les contenus indésirables. »

L'art, c'est quoi ?

Sofie : « Au travers de l'initiative “Het kunstlab van M”, nous voulons aussi toucher les enseignants qui n'incluent pas encore l'art dans leurs cours. Nous espérons qu'ils se serviront du site cette année, puis recommenceront chaque année scolaire suivante. Le site restera en ligne. »

 

Marlies : « “Het kunstlab van M” soulève aussi des questions intéressantes qui sont fréquemment posées dans le monde de l'art. L'art est-il par définition une création personnelle ? Même quand on fait faire le travail par un ordinateur ? Et qu'en est-il du droit d'auteur dans ce cas-là ? »

 

Charlotte : « La discussion à propos de l'IA est aussi largement menée dans l'enseignement – et nous n'en sommes qu'au début. Voilà pourquoi le soutien de M nous enchante tellement. Grâce à cette initiative, les élèves ne reçoivent pas d'explications théoriques et arides sur l'IA, mais se voient proposer une application concrète et pratique orientée vers les jeunes. Et par la même occasion, ils bénéficient d'une initiation à l'art. Je suis curieuse de voir le résultat. »

Het kunstlab van M

© M Leuven

Het kunstlab van M

© M Leuven

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