Richard Long

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Richard Long

© Richard Long, courtesy: Lisson Gallery, foto: James Wainman, detail

À l'occasion du ‘BOUM ! Le festival du Big Bang’, M propose une exposition de l'artiste britannique Richard Long (1945), l'une des voix les plus singulières de l'art contemporain. Très tôt dans sa carrière déjà, il a tracé sa propre voie, qu'il continue à suivre jusqu'à ce j

Richard Long

© Richard Long, courtesy: Lisson Gallery, foto: James Wainman, detail

Alors que Richard Long était en troisième année au West of England College of Art, ses parents ont été convoqués par la direction pour s'entendre annoncer que leur fils avait été renvoyé de l'école et qu'il ne pourrait plus avoir aucun contact avec ses condisciples, même en dehors de l'école. Selon l'administration scolaire, le jeune Richard était “quite mad”, passablement dérangé.

 

Son attitude n'était pourtant pas problématique : Richard était un garçon silencieux et renfermé, pas un fauteur de troubles. Le malaise était entièrement dû à ses créations artistiques. Un exemple : il faisait rouler une grosse boule de neige en bas d'une pente, puis il faisait une photo – pas de la boule de neige, mais de la trace qu'elle avait laissée.

 

À sa seconde école d'art, le Saint Martins College of Art à Londres, plus progressiste, cela se passait un peu mieux. Long y expérimentait avec ce qui lui plaisait : il faisait de longues promenades, créait en chemin des œuvres à partir de matériaux trouvés, puis les photographiait. Mais il n'était pas soutenu, ni encouragé. Un jour, l'un des professeurs l'avait pris à part pour lui dire d'un ton paternel : « Tu trouveras bien un emploi au service des Eaux et Forêts après tes études ».

 

C'est en 1967 que Long a réalisé sa première œuvre célèbre, ‘A Line Made by Walking’. Il a sillonné une pelouse jusqu'à ce que s'y dessine un sentier, qu'il a ensuite photographié. Au moment où la pellicule a été développée, il ne restait déjà plus aucune trace dans l'herbe ; la photo était l'unique témoin. Nicholas Serota, le directeur précédent du Tate Modern, en a dit ceci : « Au travers de cette œuvre, réalisée alors qu'il avait 22 ans, Long a changé notre vision de ce qu'est exactement une sculpture. Il a donné un nouveau sens à une activité aussi vieille que l'humanité. Rien dans l'histoire de l'art n'a pu nous préparer à l'originalité de ce qu'il a fait là. » Une sculpture ne devait donc plus être un objet tangible, pouvant être placé sur un socle ; elle pouvait tout aussi prendre la forme d'une trace dans le paysage, fugitive et évanescente.

 

Pour Long, la fugacité n'est cependant pas l'essentiel de son travail. Dans une entrevue avec le quotidien britannique The Guardian, il l'a exprimé ainsi : « Quand je crée une œuvre, il s'agit pour moi de concrétiser un certain concept. Bien sûr, certains de mes alignements de pierres disparaîtront. Ils seront recouverts de végétation, les pierres seront déplacées par des moutons ou que sais-je encore. Et c'est très bien. C'est ainsi que ça se passe dans la nature. Mais cela n'a rien à voir avec la raison pour laquelle j'ai créé cette œuvre. »

Richard Long, 'Footpath Waterline', India, 2003

© Richard Long, 'Footpath Waterline', India, 2003, courtesy: Lisson Gallery, photography: Ken Adlard