Souffleur, qu'est-ce que le touffetage ?
SOUFFLEUR
Touffetage
Comme tous les domaines, l'art possède un vocabulaire particulier. Dans la rubrique « Souffleur », des collaborateurs de M expliquent et commentent des expressions spécialisées que vous avez peut-être déjà entendues, mais dont vous ne connaissez pas – ou plus – le sens exact.
Marie Decoodt, coordinatrice des expositions d’art contemporain : « Le touffetage (ou tuftage) vient du mot anglais tuft qui signifie touffe, houppe. Cette technique permet de fabriquer, entre autres, des tapis en laine, mais aussi des gazons artificiels. On part d’un tissu de support – en jargon : le support primaire. On pique le fil à travers l’arrière du support, à l’aide d’une aiguille creuse, d’un pistolet à touffes ou d’une machine à touffeter. Ensuite, on retire l’aiguille et on fait le trou suivant, juste à côté du précédent. Ainsi, on obtient un tas de boucles sur le dessus du tapis. On consolide leur fixation à l’aide d’un deuxième tissu, le support secondaire. À la fin, on égalise et rectifie les boucles. Le résultat final est un tapis de fils redressés qu’on peut couper à différentes hauteurs – d’où la différence entre les tapis à poils longs et à poils courts. Pool est un autre nom pour du fil. »
« On pense souvent que le touffetage est une technique récente, mais il s’inspire d’une ancienne méthode artisanale de fabrication des couvre-lits. Les coûts de production étant limités, le touffetage a supplanté le tissage traditionnel de tapis à partir des années 50, d’abord aux États-Unis, puis en Europe occidentale. »
« À M, Kato Six présente six tapis touffetés qu’elle a réalisés spécialement pour son exposition individuelle. Dans chaque tapis, on reconnaît un motif de boucles : une référence aux tapettes en osier avec lesquelles on battait autrefois tapis et couvertures afin de les dépoussiérer. Comme souvent, Kato Six tire cette forme de la mémoire collective. Elle s’en explique dans une interview publiée dans ce numéro.