Un projet de recherche à long terme du M, consacré aux compétences visuelles, veut obtenir une réponse à cette question. Il s'agit d'une collaboration avec la KU Leuven et l'ENVIL (Réseau européen pour la Visual Literacy), un réseau international de chercheurs actifs dans ce domaine.

L'étude examine comment les individus regardent une œuvre d'art et quel rôle y jouent divers éléments, et comment il est possible d'inciter les visiteurs à s'attarder plus longtemps devant une œuvre et à apprendre à mieux la « lire ». La collection du M sert de terrain de recherche.

Nouvelle approche

Jusque 2017, M proposait une exposition permanente chronologique, mais nous remarquions que nos visiteurs passaient de moins en moins de temps devant chaque œuvre. Nous avons alors adopté une nouvelle approche s'appuyant sur la capacité de lecture des images. En collaboration avec le réseau ENVIL nous avons mis au point un cadre théorique, que nous avons ensuite appliqué à notre pratique d'exposition.

Cette nouvelle approche est transhistorique, c'est-à-dire que nous faisons dialoguer des œuvres de différentes périodes, tout en modifiant régulièrement leur disposition. Nous stimulons par la même occasion l'aptitude à lire les images de nos visiteurs, qui se mettent à mieux comprendre que toute forme de présentation manipule le regard. En complétant les cartels traditionnels d'interviews et de récits personnels, par exemple, nous incitons les visiteurs à tout regarder plus attentivement, en témoignant d'une plus grande curiosité. Ainsi s'ouvrent aussi de nouvelles possibilités de faire voisiner d'une manière pertinente des œuvres de différentes périodes. Autrement dit, l'attention accordée aux compétences visuelles et l'approche transhistorique se renforcent mutuellement.