Restauration du 'Martyre de Saint Érasme' de Bouts

Restauration du 'Martyre de Saint Érasme' de Bouts.

Restauratie werk Dieric Bouts

M Leuven

M-LIFE est le fonds créé par le Musée M de Louvain en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin. En versant votre contribution à M-LIFE, qu’elle soit modeste ou conséquente, vous assurez l’avenir de divers projets M. Pour vous, vos enfants, vos petits-enfants et les nombreuses générations à venir. La restauration du 'Martyre de saint Érasme' de Dieric Bouts est un des projets M partiellement financés par ce fonds. Marjan Debaene, chef de service des Collections d’Art ancien, nous en dit plus à ce sujet.

Restauratie werk Dieric Bouts

M Leuven

Qu’est-ce qui rend ce travail si particulier ?

“Dirk Bouts, au-delà d’être un des peintres Primitifs flamands, est aussi un Louvaniste... ce qui compte peut-être encore plus pour le musée M. Le Martyre de saint Érasme est un des deux chefs-d’œuvre de Dirk Bouts qui, près de 600 plus tard, se trouve toujours à son emplacement d’origine. En 1460, le tableau a été commandé pour la chapelle de l’église Saint-Pierre, où il est toujours exposé. Dirk Bouts est un cas un peu à part dans le mouvement des Primitifs flamands étant donné qu’il évitait de mettre une dimension dramatique dans ses travaux. On le voit également dans cette œuvre. Lorsqu’on regarde le visage la posture d’Érasme, on dirait qu’il est plus ou moins indifférent aux cruautés qu’il subit. Son style caractéristique a valu à Dirk Bouts le surnom de peintre du silence.”

 

Pourquoi faisons-nous restaurer cette œuvre ?

“L’œuvre a un certain âge, et la dernière grande restauration date de 1952. Restaurer est parfois une action préventive, pour éviter les dégâts et pertes irréversibles. Après quelques décennies, plusieurs zones requéraient notre attention. Par exemple, la couche de vernis a fort jauni et la peinture présente quelques problèmes. Au fil du temps, le tableau a été exposé à de petites différences de climat ayant un impact sur le support en bois du tableau. Sous l’effet de l’humidité, le bois se dilate et de petites fissures apparaissent. Dans un lieu chaud et sec, le bois se rétracte, réduisant ainsi la surface sur laquelle est posée la peinture. Du coup, la peinture se soulève et on parle de perte de peinture effective. Ces problèmes sont minimes, mais doivent être traités avant de s’aggraver.”

 

Lors de cet examen, les cernes seront comparés avec une base de données, un peu comme pour un profilage d’ADN.

Marjan Debaene
Directrice du département d'Art Ancien

En quoi consiste précisément ce genre de restauration ?

“Le tableau lui-même va être nettoyé et débarrassé du vernis jaune et des retouches dérangeantes. On va refixer la couche de peinture et faire de nouvelles retouches avec des couleurs inaltérables. Par ailleurs, différents examens viseront à étendre nos informations scientifiques sur Dirk Bouts. Il y a de nombreuses options. La dendrochronologie (dendron : arbre ; chronos : temps) permet de déterminer l’âge du panneau en bois. On éclaire le tableau avec des UV, une sorte de lumière bleue, qui révèlent les éventuelles surcharges de peinture. Les restaurateurs utilisent également cette technique pour se faire préalablement une idée de l’ampleur de la restauration.”

 

Que cherchons-nous à savoir ?

“Il est impossible de savoir si nous allons découvrir de nouvelles informations, mais il y a quelques questions auxquelles nous voulons répondre. Par exemple, le commanditaire figure-t-il sur l’œuvre, et pourquoi les trois saints – Érasme, Jérôme et Bernard – y sont-ils rassemblés ? Certains y voient un hommage aux trois formes de saintetés : le martyre, l’érudition et le mysticisme. Mais est-ce vraiment cela?”

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